Villa René Lalique
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C’est l’événement de luxe en Alsace cette année: la transformation de l’ancienne villa privée de René Lalique en hôtel de grand style avec ses six chambres cossues et cosys, le cristal opalescent à tous les étages, des salles de bain au bar et, bien sûr, l’adjonction d’une grande table au cadre sobre et ouverte sur le vert du dehors signée de l’architecte tessinois, follement créatif, Mario Botta à qui on doit, entre autres, la cathédrale d’Evry et la Banque du Gothard à Lugano. On n’oublie pas, évidemment, la cuisine de Jean-Georges Klein, ex maestro de l’Arnsbourg, relayé et assisté par Jérôme Schilling, venu, « en chef exécutif », de chez Lassausaie à Chasselay.
Le mécène de l’opération: Silvio Denz, le patron de Lalique, pour qui cette Villa hors norme constitue le plus fringant, le plus gourmand et le plus glamour des show-room. Il y a bien sûr cette cave monumentale de 20 000 bouteilles, avec des flacons du monde entier, composée sous la houlette de Romain Iltis qui a œuvré ici sans lésiner sur les grands crus d’ici ou là. Reste que l’Alsace demeure au premier rang. Et c’est en compagnie de 35 vignerons alsaciens, choisis par James Suckling, dégustateur américain basé à Hong Kong et ami de Denz, autour d’un petit guide voué à ses crus coups de coeur, que j’ai découvert la maison.
Pour un premier repas de fête, ce fut comme un hommage rendu à la tradition d’ici, avec des mets s’accordant aux premiers vins révérés par le bouillonnant Suckling et tout à la fois un pont posé entre la manière Klein époque Arnsbourg et celle d’aujourd’hui. Beaucoup de concret, guère de moléculaire, des saveurs précises, contrastées. Des idées en rafale, de la finesse, du doigté, de la couleur, de l’aigre-doux, bref une manière agile et légère de composer avec ses fondamentaux éprouvés et l’air du temps.
Les vins? Le crémant très blanc de blanc (auxerrois-riesling) et très sec, d’une grande prestance, de la maison Valentin Zusslin à Orschwihr, le Geisberg riesling grand cru de chez Trimbach à Ribeauvillé, élégant, mais souple, pour une maison réputée pour ses vins de longue garde, dont le fleuron et l’acmé sont le clos Saint Hune, si iodé, sur le grand cru Rosacker à Hunawihr, le pinot noir ample et puissant de chez Albert Mann à Wettolsheim en 2013 dit grand « H » (pour le Hengst) enfin l’immense riesling grains nobles cuvée S de chez Hugel 2009 à Riquewihr.
Les mets étaient en accord, comme des fiançailles ou de brèves épousailles et une réponse. Les amuse gueules dits « éveil des papilles » (pain soufflé au jasmin, croustillant d’épices et de fleurs, mini taco au guacamole et citron) ou l’œuf argenté (dit aussi parfait) relevé de langues d’oursin, whisky pur malt, gel de yuzu, pain façon mouillette à l’encre de seiche (déjà vu à l’Arsnbourg) répondaient joliment au côté toasté et brioché du crémant.
La suite était à l’avenant avec le dos de bar de ligne à la bergamote et à la vinaigrette de yuzu, le cappuccino de pommes de terre – un classique de l’Arnsbourg, relevé ici d’une duxelles truffée haute en goût de sous-bois -, enfin le splendide morceau de porcelet croustillant à l’aspérule avec son superbe jus réduit, ses fins gnocchi à la ricotta.
On n’oublie pas le joli entremet vanillé sur le thème de la mirabelle en fruit nature ou … déguisée. Ni, bien sûr, la mise de table soignée, les cristaux de Lalique au plafond, le service plein d’allant sous la houlette fine, efficace et discrète de Patrick Meyer qui exerçait déjà à l’Arnsbourg. Bref, une grande table, un lieu de luxe qui créée l’événement avec une folle séduction.
J’ai eu l’infini plaisir de collaborer avecJean Georges Klein pendant qq années. J’ai savouré mes premiers repas un crayon à la main tant je voulais tenter de capter la créativité inouïe de ses plats. Je suis une admiratrice, supporter inconditionnelle de ce talent et de cette personnalité si authentique. Oui !! en écho à Gilles Pudlowski, je confirme : allez découvrir la table de ce grand chef français qui cuisine désormais en toute sérénité.