La révolution selon François Cérésa
Il plonge dans la Grande Révolution de 1789 comme le Hugo des Misérables dans celle de 1848, s’incarne en ses personnages comme Dumas « habite » le comte de Monte-Cristo, fait revivre Caroline Chérie en pensant à Jacques Laurent, écrit comme on cravache, aime le rythme trépidant, a le don pour susciter l’émotion avec les massacres de Septembre, conte la Révolution et la Terreur en relevant ici et là les horreurs et dresse ses héros de fiction comme des silhouettes échappées à l’Histoire avec un H majuscule. Sacré Cérésa, que l’on ne lâche depuis le Cimetière des Grands Enfants (Lattès, 1983, déjà!) et la Femme aux cheveux rouges (Julliard, 1999). Le roman historique, façon feuilleton littéraire, lui va comme un gant et nous aussi. Son héroïne, Marie-Antoinette, fille de boulangers de Pornic, est violée par trois nobles au château de La Rose-Pitray, et de ce vol naît un fils, Maximilien. Elle va chercher à se venger, part à Paris, se déguise en homme avec habileté, devient lingère puis serveuse au Procope, croise Saint-Just, Danton, Robespierre, Desmoulins, Mirabeau, Théroigne de Méricourt, se lie avec Olympe de Gouges, devient espionne au service des Bleus, file à Nantes, observe de près les aléas des Vendéens qui peinent à se liguer, entre Charette, La Roche-Jacquelin, Stoquelet, d’Elbée, sans omettre ce mystérieux bandit masqué, sorte de Zorro chouan nommé le Lys Blanc, qui enlève son fils lors de l’exécution publique du comte de La Rose-Pitray. On n’en dit pas plus. Lire ce livre, c’est s’assurer de ne pas s’ennuyer durant quelques heures. Mieux: de s’instruire durablement sur la Grande Révolution et ses remous tragiques, les luttes de Bleus en Vendée, les errements de la Convention, les rivalités entre Girondins et Jacobins. François Cérésa conte tout avec science et passion. On voit bien l’Académie Française ou l’Interallié couronner ce livre révolutionnaire qui se lit de droite à gauche ou l’inverse, selon les aléas du moment. Chapeau Cérésa !
Le Lys Blanc, de François Cérésa (l’Archipel, 304 p., 18,95 €).