Toya
« Faulquemont: le petit génie du 57 »
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Ce garçon, on vous en avait parlé à ses débuts, on a récidivé. On ne l’a pas oublié, mais mis de côté. Loïc Villemin, qui a aujourd’hui 29 ans, a travaillé chez Jean-Georges Klein à l’Arnsbourg de Baerenthal, Nicolas le Bec à Lyon, au Relais Bernard Loiseau à Saulieu, à l’Assiette Champenoise chez Arnaud Lallement, sans omettre Laurent Peugeot, à Pernand-Vergelesses. Il continue son train-train créatif, jouant sans détour les plats du moment, de l’instant, du marché, de tous les terroirs réunis.
Le nom de la demeure, il est emprunté à l’île japonaise où Michel Bras tient table et dont Alexandre Bourdas, le maestro du Saquana, qui fut le consultant de l’Arnsbourg, fut le chef attitré. Il en dit beaucoup sur la maison: vous êtes bien en Moselle, c’est à dire en Lorraine, mais ailleurs. Il y a bien le golf, ses greens, la brasserie voisine dite « la Mezzanine », que gère les parents de Loïc, l’hôtel le Chambellan. Mais surtout cette grand salle zen et neutre où s’ordonne la danse des plats du moment.
Les plats fusent en tout sens, sont expliqués avec précision, sont livrés avec mesure. Il y a, en amuse-gueule, les chips de riz bomba façon croustilla de paella, la cecina du Leon au melon façon pickles, le bâton de canne à sucre au mojito genre bâton de réglisse ou encore l’huître fermentée avec son émulsion de champagne, raisin et citron vert.
Ensuite? Les choses sérieuses commencent. Ainsi la daurade en céviche avec pêche de vigne, gelée de sangria, oignon vinaigré, le thon rouge de ligne mi-cuit, son gaspacho de cerises, son fenouil cru, la truite de mer avec concombre et verveine, puis le rouget sur écaille frite avec sa purée d’aubergine aux amandes, noisettes, émulsion de coquillages et noisettes fraîches. Vous avez pigé l’animal ?
Il y a peu de terroir ici, même si l’échine de porc confite avec shiso vert en tempura, oignons rouges et émulsion de vinaigre de shiso y ramène un tantinet. Une Lorraine japonisante? Il y a de ça. Un ancien second de Quintessence à Tokyo est d’ailleurs présent en cuisine depuis quelques mois. Mais Loïc, qui a des idées bien arrêtées et la ligne de soleil levant en guise de bleu horizon au fond des yeux poursuit son chemin avec abnégation.
Le faux filet de boeuf de Savoie de race brune des Alpes avec sa purée de carottes caramélisées et ses carottes braisées revoir d’assez insolente et séduisante façon de le « boeuf carottes » d’antan. Et, en issue, les framboises, avec son crumble d’olives noires, chocolat et harissa donne une idée piquante des douceurs d’ici.
La carte des vins est d’une belle tenue. Le château Thuerry l’exception comme l’auxey-duresses de Denis Carré font les préludes de classe. Le blanc « hors piste » des Molozay au château de Vaux comme le pinot noir les Clos des mêmes indiquent que la Moselle a enfin son mot à dire dans le concert des grands vins de France. Quant au domaine du Vieux Télégraphe en châteauneuf du pape millésime 2003, il couronne de royale façon un menu de grande fête ici même.
Bref, Toya, c’est fou, Villemin un brin génial, Faulquemont un drôle de bout du monde, et le service, mené de conjointe façon par Denis Clauss, qu’on vit jadis chez Meneau à Vezelay, et Marylène Lopez, la compagne du chef, qui travailla longtemps pour Jean-Marie Visilit à la Grange de Condé puis à la Voile Blanche du Beaubourg messin, donne un côté humain et chaleureux à cette froide capsule spatiale qui s’envole vers de hautes sphères gourmandes. Bref, voilà un lieu à revisiter de près.
Cher Laurent Muller,
« ces belles photos » me rappellent surtout les chichis de cette table où je m’étais aventuré sur la foi du compte rendu enthousiaste du père Pudlo… L’esprit du lieu n’a apparemment pas évolué. Du beau travail, certes, méritoire, un peu comme au Kaïseki, mais qu’on souhaiterait plus tourné vers la simplicité, donnant d’abord la priorité aux saveurs avant les compositions visuelles sophistiquées. Ne parlons pas de l’ambiance, du timing et de la carte des vins… Chacun ses goûts, ceux de GP, il nous le prouve tous les jours, sont certes raffinés, souvent un peu trop, sans doute une déformation professionnelle bien pardonnable. Difficile de faire simple, pas impossible, surtout pour ce sympathique cuisinier !
Bonjour cher Gilles Pudlowski,
N’avez-vous jamais pensé que toutes ces belles photos que vous publiez sur votre blog, de plats qui font 2 ou 3 bouchées, n’incitent pas vraiment à fréquenter ces restaurants quand il faut payer pour consommer ?