L’Eva de Simon Liberati

Article du 29 août 2015

Le scandale? Quel scandale? Circulez, il n’y a rien à voir. Sinon, de la littérature, de l’amour, de la poésie. Comme jadis son copain Jean-Jacques Schuhl le fit pour sa compagne Ingrid Caven (qui obtint le prix Goncourt 2000 – un millésime dont on devrait se souvenir), Simon Liberati, l’auteur de Jayne Mansfield 1967 (prix Fémina 2011) et de Anthologie des Apparitions, fait l’éloge de la petite fille sombre et érotisée par sa mère, Irina Ionesco, en des photos plus qu’équivoques, rencontrée par hasard en 1979, retrouvée en 2013, épousée et enfin glorifiée. Ce livre-ci n’est pas seulement l’histoire d’une rencontre double, à tiroirs et à ressorts, mais celle d’une libération. Eva comme Eva Ionesco, c’est à la fois défense et illustration d’une enfant perdue du siècle qui se retrouve au-delà de ses mythes, de ses troubles vénéneux, de ses vertiges. Sexe, drogue et rock n’roll sont là des épiphénomènes. Il y a là une écriture à la fois précieuse, agile et scintillante, un tremblé de la phrase qui touche au plus près, charme non sans agacer. Le scandale? Il est dans la réussite d’un ouvrage, entre journal, dossier, confession, mosaïque, qui fait d’une silhouette sombre du réel un formidable personnage de fiction.

Eva, de Simon Liberati (Stock, 278 pages, 19,50 €).

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Publié le 29 août 2015 par

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