Les promesses? Celle de la vie, une existence en zigzag, que la vie réelle ne tient pas toujours. L’auteur de « Ma place sur la photo », « Chicken Street »  et de « Les Terres Saintes », se met dans la peau d’un homme, Alexandre dit Sandro, à qui tout est promis. Ses parents se sont rencontrés en 1943 à la Terrasse du Flore. Son grand-père, Nonno, est le seigneur de Porto Ercole sur la presqu’île de l’Argentario en Toscane, chez qui il passe tous les étés. Mais la vie n’est pas faite que d’étés. Amanda Sthers ne nous épargne rien des aléas sentimentaux et sexuels de son personnage, tiraillé entre son épanouissement personnel, l’étouffement familial – un père disparu, une mère absente, un grand-père toujours vainqueur et important-, l’apprentissage intellectuel (il est fasciné par « le Baron Perché » d’Italo Calvino) et le football, qu’il partage avec ses amis Louis et Jacques. Il connaît son premier émoi, avec la soeur d’un ami, en 1962, lorsque le Brésil gagne « la coupe du monde en noir et blanc« , se trouve perdu entre Magdalena, Sandra – à qui il parvient fait l’amour à l’envers, prestement, en cachette, face à une bibliothèque précieuse (une prouesse!), Bianca, Laure. A la fin de ce livre en forme de miroir brisé, un goût d’inachevé se dévoile. Il y a le coeur d’un homme qui saigne et ses espoirs brisés en mille morceaux à recoller. Fin, vif, sensible, ce roman touffu qui se lit comme une belle course à travers l’été de la vie dans une presqu’île de Toscane, laisse une impression douce, lumineuse, aigüe. A boire comme un Sassicaia que le héros déguste quelque part avec des pâtes au pesto. Emotion dolce forte garantie! La force d’Amanda Sthers? Se glisser sous le visage d’un autre avec une confondante habileté. Elle nous avait déjà fait le coup avec Liberace et avec Johnny Hallyday. Mais, là, il s’agit d’un homme presque ordinaire. Et l’on est sous le charme. Chapeau, Amanda!

Les promesses, d’Amanda Sthers (Grasset, 306 pages, 19 €). En librairie le 26 août.