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Centre Pompidou-Metz

« Pompidou Metz : le choc »

Article du 12 juin 2010

Metz - Centre Pompidou

Un vaisseau spatial ou une pagode chinoise ? D’autres pensent à une grande synagogue avec ces croisillons de la grande nef en forme d’étoiles de David… C’est le tout neuf Centre Pompidou, pile derrière la gare chère à Guillaume II, avec son grand parvis, ses galeries en étage… On y verra un Guggenheim lorrain qui donne un sens neuf à l’ancienne capitale de Lotharingie.

Il y avait la cathédrale pour le Moyen Age, la gare et le quartier impérial pour la période – si riche ! – de l’annexion. Voilà le nouveau symbole de Metz au XXIe siècle. Avec une exposition malicieusement titrée, avec son point d’interrogation d’importance : Chefs d’œuvre? Des Matisse à foison, des Picasso comme s’il en pleuvait, des Delaunay (la Ville de Paris) une admirable nu d’Albert Marquet (la Femme Blonde), un paysage de Vlaminck à laisser songeur le promeneur buissonnier (« Bord de rivière »), des classiques retrouvés, tel le Clown de Soutine, le Déjeuner sur l’Herbe millésimé 1964 d’Alain Jacquet, le Portrait Prémonitoire de Guillaume Apollinaire signé Giorgio de Chirico, une de ces toiles surréalistes exemplaires qui marquent l’histoire de la peinture et de la littérature mêlées.

Delaunay

« A la fin tu es las de ce monde ancien/ Bergère, ô Tour Eiffel, le troupeau des ponts bêle ce matin / Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine»… Les vers de l’auteur d’Alcools me trottent dans la tête. Hop là, les voici aux murs. Et ces autres qui parlent des formes neuves apportées par l’art nègre et le cubisme…

«  Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied

Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée

Ils sont les Christ d’une autre forme et d’une autre croyance

Ce sont les Christs inférieurs des obscures espérances »

Martial Raysse (tableau dans le style français II)

(in Alcools, de Guillaume Apollinaire, Poésie/Gallimard).

Je passe sur quelques Magritte, des Dali, des Picabia, des Dubuffet, des Duchamp aux airs de pasticheur aguerri et de précurseur de Tinguely. Metz apparaît là comme la nouvelle Mecque de l’art contemporain. En vedette, Martial Raysse, roi de la nouvelle figuration des années 1960 qui se moque de Warhol avec brio dans son « Tableau de style français II », une sorte de pied de nez aux Marylin tant copiés. Ou son Odalisque colorée façon Ingres. Les sculptures de Brancusi (l’admirable Muse endormie) , les Noces russes de Chagall, le manteau de Balzac par Rodin, les bleus de Klein et ceux de Miro, le noir de Soulages…

Odalisque Martial Raysse

L’œil fatigue, la tête vacille. On sort de là ébloui par la lumière vive du dehors. La construction elle même joue les insectes perturbateurs. A ma venue, un bonimenteur artiste harponnait les touristes en allemand. Histoire de rappeler que nous sommes là au carrefour de trois frontières. Luxembourg, Arlon la belge, Sarrebruck et Trèves, cousines germaines, ne sont qu’à quelques pas. Ce Pompidou là est désormais leur balise. Et depuis Paris, seuls 80 minutes – comme disait Jean-Marie Rausch, l’ancien maire, amoureux des arts et de la table, qui a tant défendu ce projet et si joliment rénové sa ville- nous séparent. On y reviendra.

Croisillons de la Nef

Centre Pompidou - Vue sur la Gare

Centre Pompidou-Metz

1, Parvis des Droits de l’Homme
57000 Metz
Fermeture hebdo. : Mardi
Site: www.centrepompidou-metz.fr

A propos de cet article

Publié le 12 juin 2010 par

Centre Pompidou-Metz” : 2 avis

  • VVV

    Précision pour Klein; il n’y à pas « des bleus » mais « UN bleu » couleur unique qu’il a developpé avec des chimistes (mélange pigments + résine spéciale) puis breveté et déposé, donc couleur unique et interdite de reproduction. Utilisé quasi exclusivement pour sa série « anthropométrie »…
    (Déposé sous le nom I.K.B : International Klein Blue

  • VVV

    Bonjour,
    Super article! En revanche, pour Chaïm Soutine ce n’est pas « le clown », mais « le groom », quant à Rodin, ce n’est pas le « manteau » de Balzac, mais son « peignoir » (Rodin voulait rendre homage à Balzac en représentant son « habit de travail » en l’occurence; son peignoir) sculpture qui créa des émulues du au matériau « non noble » utilisé (le plâtre) et de par sa représentation non elitiste.

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