A chacun son Modiano et à chacun son Paris: c’est un peu ce qu’on se dit en refermant ce petit livre consacré aux itinéraires parisiens de notre dernier prix Nobel. Car c’est davantage à sa vie qu’à son oeuvre que s’est attachée Béatrice Commengé. En partant du quai de Conti, où vécut enfant, avec sa mère, Louisa Colpeyn, l’auteur de « la Place de l’Etoile », celle-ci qui n’hésite pas à employer le « je » part à la recherche de ce Paris rêvé, mythique, mystérieux, nostalgique, intemporel qu’évoque sans cesse Modiano. On croirait retrouver là le Paris des lisières, quai Louis Blériot pour le 16e et boulevard Gouvion Saint-Cyr pour le 17e, sans omettre une banlieue proche improbable et occulte. Au lieu de cela ce sont d’autres lieux qu’abordèrent avec lui ses parents séparés, Louise et Albert. Bref, inutile de chercher ici la géographie sinueuse de « Quartier Perdu », « Poupée Blonde » ou « De Si braves garçons », c’est d’un autre Patrick M. et de sa capitale vécue qu’il est ici question. Et même ce « café de la jeunesse perdue » où l’on pensait avoir reconnu le Tournon, qui est toujours bel et bien, il a, somme toute, disparu de notre mémoire. C’est donc un M.

Le Paris de Modiano, de Béatrice Commengé ( 90 pages, 7,90 €).