La Fenière
« Lourmarin: les Sammut ou l’art de la transmission »
Nouvelle donne chez les Sammut: on a regroupé les deux tables de la maison (la Fenière, gastro et la Cour de Ferme, bistrot gourmand) en un seul lieu, gai, ludique, champêtre, qui cousine un tantinet avec celle du copain voisin Armand Arnal de la Chassagnette à Arles. Un lieu nature, rustique, avenant, où la convivialité est reine et la simplicité une vertu.
C’est bien de cela qu’il s’agit. Guy, le mari et homme de salle vertueux, aubergiste bavard, sommelier généreux, homme de coeur communicatif, grande gueule et chanteur de charme, avec Reine, sa belle et tendre épouse, qui cuisine, en autodidacte inspirée, comme l’oiseau chante, avec l’évidence du naturel, petite fée lorraine de Frison en Vosges, devenue la plus provençale des cheffes d’ici, s’apprêtent à prendre une retraite bien méritée.
En attendant de s’établir dans la ville de leurs rêves, à fleur de Méditerranée (Barcelone, pour ne pas la nommer), ils passent lentement mais sûrement le flambeau à leur fille Nadia, qui met le « gluten free » à l’honneur, comme elle le fit à Paris, chez David Lahner au « Noglu », dans le passage des Panoramas. Entre temps, Guy raconte, Nadia explique, Reine compose et c’est une symphonie à trois voix qui s’offre à travers deux jolis menus dit « l’authentique » et « la dégustation de Reine ».
On peut taquiner le classique comme il vient, les idées de toujours, la nostalgie et les racines, à travers les petites courgettes fleurs farcies au pistou de roquette, le caviar d’aubergine au cumin et son gaspacho de tomate, le maquereau (comme les sardines vénitiennes) en « saor » avec pignons et raisins secs, en fine escabèche.
Il y a encore le poisson du jour, l’agneau (souris) lentement confit au thym avec ses aubergines à la parmesane, les pieds et paquets tomatés servis en cocotte avec des pommes de terre fondantes. Plus le spritz Apérol en ouverture, l’andouille de Lauris, une planche de fromages affinés servie avec une huile d’olive divine et des herbes d’ici, plus, in fine, une tarte meringuée au citron à se pâmer ou la tarte aux fraises sur une pâte au riz de Camargue avec une glace au lait d’amande.
On n’oublie pas au passage le Tavel vieilles vignes rosé, issu de saignée, du copain Michel Tardieu-Laurent, l’ambiance douce, le café exquis. Bref, du beau, du bon, du Sammut. Quelques chambres douces disséminées dans le parc, avec une roulotte, pour paresser au vert, sont là en prime.