Pardon, cher Jean-Claude, de ne parler de cette forte biographie de Bernard Buffet que sept ans après sa parution. J’avoue qu’elle m’avait échappée. Au hasard d’un voyage à la Baume dans le Var, dans cette dernière demeure qu’habita le peintre, où il vint finir ses jours, en compagnie de son épouse Annabel, je suis tombé dessus comme on découvre une liqueur forte. Toi, le biographe de Sagan, de Mac Orlan, de Gaston Leroux, de Brassens, de Julliard et de Lazareff, tu as su donner ici ton meilleur. Avec celui que tu rencontras ici, que tu suivis là. Que tu croisas, sans le savoir, à Paris, rue la Condamine. Tu racontes tout, les débuts difficiles, la gloire précoce, le compagnonnage avec Pierre Bergé, la rencontre avec Giono, le prix des Critiques (partagé avec Lorjou), la Rolls, le mythe, l’entretien scandaleux à Paris-Match, l’ostracisme ou le désamour de la critique, les fidèles et les autres, les maisons, les ateliers et châteaux, les bons mots de Cocteau. Ton Buffet? Un sacré moment de gloire, un hommage finalement émouvant, quoique sans complaisance, à ce samouraï de la peinture, qui choisit, le 4 octobre 1999, de se suicider avec un sac en plastique noir sur lequel il avait griffé sa dernière signature. Pied de nez ultime d’une des grandes figures artistiques du XXe siècle si décriée juste avant qu’une nouvelle ère l’éloigne de ses admirations anciennes, Courbet, Van Gogh ou Gruber. Du soutien de Giono, Aragon, Simenon ou Druon, de la haine de Malraux, des polémiques multiples, de ses amours furtives, ton livre dit tout ou presque. Voilà une bien belle enquête sur un mythe et son revers…

Bernard Buffet – le samouraï, de Jean-Claude Lamy (Albin Michel, 362 pages, 22 €).