La saga Le Corbusier
Sur la photo de couverture, il ressemble à Jean d’Ormesson, même si l’homme était bien moins doux que le grand écrivain consensuel récemment entré dans la Pléiade. Charles-Edouard Jeanneret, né à la Chaux de Fonds en 1887, devenu l’architecte contemporain le plus commenté avec passion sous le nom de Le Corbusier, fut aussi le plus haï, le plus « patiemment insulté » de son époque. C’est d’ailleurs ainsi que Malraux, alors ministre de la Culture, le présente et le loue au moment, lors de son oraison funèbre, dans la cour carrée du Louvre, en 1965. Jeanneret-Le Corbusier était, au moment de mort, à l’oeuvre à Chandigarh au coeur du Pendjab, avec l’intention de créer une ville nouvelle synthétisant ses idées d’une cité future pour abriter l’homme moderne. Architecte elle-même, docteur en histoire de l’art, Guillemette Morel Journel raconte l’histoire de ce fils d’artisan suisse, qui quitte le milieu des montres pour devenir cet extraordinaire bâtisseur visionnaire. Depuis ses premières demeures privées de la Chaux de Fonds à la collective Cité Radieuse de Marseille, en passant par la villa Savoye à Poissy et la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp en Champagne, tout Le Corbusier, ses visions, ses projets avortés (la ville verte, le palais des soviets), sa vision autoritaire d’une cité pour loger l’homme moderne est décryptée ici avec force image, notes, démonstrations et chronologies. Un bien bel ouvrage pour faire un point dépassionné sur un homme toujours décrié, mais toujours en phase avec son temps, le nôtre.
Le Corbusier – construire la vie moderne, de Guillemette Morel-Journel (Editions du Patrimoine, 222 pages, 25 €).
Espérons que sa stèle soit aussi moche que ses constructions !!!
Bjr,
Et Briey dans le 54?
Cdlt, ACO.