Le Collet

Olivier Lapotre © GP

Cette maison de charme, perdue ou presque en montagne, joue les perles lorraines à la porte de l’Alsace. Gérardmer est à côté, comme le col de la Schlucht, les parages de Xonrupt-Longemer, le lac de Retournemer. La demeure? Elle a été créée en 1968 par Maïe et Gaëtan Lapotre. Le fiston Olivier, qui la tient depuis 1987, a été formé aux Abbesses à Remiremont, au Gourmet Sans Chiqué strasbourgeois, puis à la Bourride à Caen avec le double étoilé Michel Bruneau, avant les Crayères à Reims du temps de Gérard Boyer et des trois étoiles, avant de jouer ici la modestie grand genre, faisant simple avec malice, bon avec chaleur et gentillesse. Il a revu en 2003 la décoration du lieu façon chalet façon très « Fermes de Marie ».

Terrine de cochon © GP

Son style: rustique avec charme, vosgien avec un rien d’esprit alpin, lorrain avec pas mal d’Alsace (Olivier est né à Strasbourg, son père travailla à l’Aubette, son frère Franck au Valentin-Sorg). Le registre qu’il joue est peu cher, plaisant, jouant avec douceur l’union du Grand Est avec quelques clins d’oeil aux voyages. Le presskopf de lapin en verrine au chutney de mirabelles, la croustille de pommes de terre à la truite fumée au raifort et bibelaskaes, la crème de butternut avec oeuf mollet  croustillant aux copeaux de parmesan et Serrano, comme la terrine tiède de pied de cochon sauce gribiche allégée avec câpres à queue et cornichons émincés font des hors d’oeuvres délicieux.

Class’croûte de boudin © GP

Il peut y avoir des ratés ou des absences de service – la maison a du succès! -, du gadget ici ou là – ainsi avec cette chair de crabe assaisonnée d’une touche de raifort avec ces fausses ravioles de pommes de terre (grossièrement coupées en rondelles). Mais l’ensemble de la musique est bonne, soyeuse, séduisante et, avant tout, charmeuse. On fait confiance aux vins « coups de coeur » maison, avec cette carte classée selon les prix. Ou à ce menu dit, comme chez Emmanuel Renaut, le roi des Flocons de Sel de Megève, « randonnée du sel au sucre ».

Truite au bleu © GP

Admirable truite au bleu avec pomme de terre et beurre fondu, grosses crevettes snackées double face avec pulpe de courgettes et schupfnudeln, « class-croûte » aux pommes et boudin noir dans une espuma de pommes de terre ou mignon d’agneau en pot au feu « sec » avec ses racines tièdes à la crème fraîche font de solides plats de résistance. Les desserts font des régals pour becs sucrés, comme la forêt noire « relookée », la panna cotta vanille et son dôme de gelée de mangue au gewurztraminer ou l’éclair façon Tatin et pralin régalent.

Eclair façon Tatin © GP

Le riesling de Boxler à Niedermorschwihr, vif et sans aspérité, et le pinot noir « coup de coeur » cuvée des 2 cerfs de chez Dopff au Moulin à Riquewhir, rond, rubicond et frais, passent là dessus avec art. Bref, voilà une demeure de charme bien dans son sujet, son esprit, sa région et ses racines. Réservez!

Olivier et Maïe Lapotre © GP