Parme: une Italie à savourer
On guette la fin du jour qui traîne traîne un peu sur la place Garibaldi. On attend, sans impatience, devant un ristretto, sur le comptoir du Caffè Orientale. On a déambulé longuement via Cavour, fait du lèche-vitrine, avant de visiter enfin la place du Dôme pavée de gros cailloux, le palais de l’archevêque, le baptistère en marbre de Vérone, avec son tympan sculpté, ses fresques néo-byzantines, son palais de l’évêque, sa cathédrale de type roman-lombard, son campanile élancé.
La place carrée a le silence vénitien. Rien n’y bouge. On y oublie les va-et-vient, si proches, de la rue Cavour, les embouteillages de la via Piacenza, les terrasses encombrées de la place Garibaldi. Sur l’arrière, l’église Saint-Jean-l’Evangéliste, ses fresques sur la coupole signée du Corrège, ses trois cloîtres, jouent le calme plus tranquille encore.
Parme, ici, s’oublie. Briques roses, douceur d’une fin de jour en clair-obscur, illuminations douces sous les arcades: c’est l’Italie éternelle telle qu’on la goûte au coeur de l’Emilie-Romagne. Elle sait vivre sur quelques images fortes. Son chef-d’oeuvre est un jambon salé puis séché dans l’air miraculeux des collines de Langhirano. Mais son fromage, le Parmigiano-Reggiano, que nous appellons le parmesan, est une autre merveille que l’on fait vieillir en cave et que l’on déguste, dur, serré, formidablement parfumé, lorsqu’il a deux ans d’âge.
Les autres charcuteries, le salami, le fin culattelo, le gra pista, gras du cochon qu’on accompagne de polenta, contribuent aussi à sa gloire. Riche, la ville exalte non seulement la beauté de sa pinacothèque, de sa chambre du Corrège, de sa chartreuse, hors la ville, qui fit rêver Stendhal, alias Arrigo Beyle Milanese, où Fabrice del Dongo vint finir ses jours.
On y découvre l’Italie en une seule ville, se jouant de ses voisines: Milan, grande rivale, Bologne, cousine émilienne, Mantoue, perle à ses portes. Et encore Modène, où l’on vient quérir le précieux élixir balsamique qui s’accorde si bien aux plats que servent les bons restaurants d’ici, telle la Greppia, la cantine du consortium du jambon de Parme qui fait apposer la marque de la couronne ducale sur les cuisses de cochon gras.
On se hasarde d’une venelle l’autre, prend l’air au parc ducal, visite le vaste palais de la « Pillota » (où autrefois se pratiquait le jeu de pelote), avec ses hauts murs de briques démantelés, le théatre Farnèse de bois peint, reconstruit à l’identique après-guerre, la galerie nationale contenant les oeuvres du Parmesan, de Vinci ou de Fra Angelico ou encore le musée des Antiquités: voilà ce qui s’y rassemble en un même lieu clos, presque secret.
Le théatre du Regio, avec ses travées Renaissance ou le musée Giauco-Lombardi avec les souvenirs de l’impératrice Marie Louise complètent les ressources de la ville qui affecte de n’être pas touristique. Pourtant, un week-end à Parme, entre la ville et les collines, en musardant de châteaux en châteaux sur la plaine du Pô, tel celui, encore fortifié de Torrechiara, s’apparente à une quête effrénée du bonheur.
Bonheur gourmand d’abord de découvrir une très grande table, comme Dal Pescatore et sa cuisine de mamma remise à jour, celle de Nadia Santini, à Canneto-sul-Oglio, où l’on découvre les formidables tortelli de courge. Mais aussi plaisir de séjourner non loin des collines où le précieux jambon se trouve affiné en douceur, moëlleux et fin, savoureux comme un rêve.
Carnet de Route
Y aller
Parme (Emilie-Romagne) se trouve sur l’A1 à mi-chemin de Bologne et Milan. Vols quotidiens depuis Paris assurés par Alitalia, conjointement avec Air-France, par Milan-Linate (120 km) ou Bologne (96 km).
Dormir
Starhotels du Parc, viale Piacenza. Tél. 0521292929. Ch. 90-450 €. Une demeure de 1921 voisine du Palais Ducal et ses chambres cossues.
Grand Hotel de la Ville, largo Piero Calamandrei 11. Tél. 05210304. Ch. 110-180 €.
Luxe, sobriété, modernité, dans une ancienne entreprise de pâte, sous le sceau de Barrilla.
Verdi, via Pasini 18. Tél: 0521/293539. Ch: 110-180 €.
Dans une demeure privée de style Liberty face au parc ducal.
Palazzo dalla Rosa Prati, strada al Duomo 7. Tél. 05 21 38 64 29. Ch. 150-300 €.
Sept chambres délicieuses dans une demeure ancienne près du baptistère, pour dormir au coeur des choses.
L’Airone Agriturismo, Strada Communale per Isola Dovarese, Castelfranco d’Oglio, Drizzona. Tél. 0375 389902. Ch. 50-70 €.
Pas cher, sympa, à la campagne, une ferme auberge de charme, tout près de Canneto Su Oglio, et du Dal Pescatore, tenue avec gentillesse et méticulosité par Dario et Diego Stefani.
Manger
En ville, des restaurants de qualité comme la Greppia (strada Garibaldi 39. Tél: 233686), pour sa cuisine de femme à la parmesane et sa belle carte des vins, Parizzi (strada della Repubblica 71. Tél: 0521285952) qui revoit la tradition locale en légèreté, Gallo Doro (borgo della Salina 3. Tél: 208846), sympathique et peu cher et Angiol d’Or près du Dôme.Une institution pour boire, voir, manger: Grand Caffè Orientale (Piazza Garibaldi. Tél. 0521285819).
En périphérie, Al Tramezzino (Via del Bono 5b. Tél. 0521487906), simple et classique, I Tri Siochett, strada Farnese 74. (Tél. 0521968870), pour le rapport qualité/prix. A 45 km, une des grandes tables d’Italie, Dal Pescatore, à Runate près de Canneto Sull’Oglio (0376/70304), pour le charme du lieu et la grande cuisine de Nadia Santini.
Rapporter
Jambon et charcuterie à la Salumeria Garibaldi (42, via Garibaldi), gâteaux chez San Bagio (41, via Garibaldi), fromage chez Bertinelli (Noceto, rte de Medesano). Tél. 0521620776: visite de la fabrication, repas sur place et achat de produits locaux.
Lire
L’excellent Guide Bleu « Italie du Nord et du Centre » (Hachette) et, bien sûr, « la Chartreuse de Parme » de Stendhal (Folio).
Utile
Office Italien du Tourisme, 23 rue de la Paix, 75002 Paris. Tél: 01 42 66 03 96. Fax: 01 47 42 19 74.
Je rentre de Parme , je n’ai qu’un regret : ne pas avoir lu votre site avant de partir , merci tout est très juste.
Désolé, mais là c’était le nord de l’Italie. Florence et Rome ce sera une autre fois. Et l’Italie est aussi grande que belle…
Merci Monsieur Pudlowski pour cette promenade dans Parme qui est une ville charmante et qui sait bien vivre.
Allez vous passer par Firenze et Roma ?
Si oui, j’attends vos adresses avec intérêt et impatience.