2

Crémone: comme un violon

Article du 13 novembre 2010

Campanile et Duomo © GP

On a tournicoté autour de la place de la Commune, admiré la façade romane de la cathédrale, le baptistère octogonal de 1167, le « Torrazzo » qui constitue, avec ses 156 mètres et ses 487 marches, le plus haut campanile d’Europe, l’hôtel de ville avec sa cour noble, ses arches, sa salle des violons, et l’on a vite compris ce qui fait la richesse de la cité et sa renommée mondiale.

Vers la salle des violons © GP

Le « Charles IX » dédié au roi de France, signé Andrea Amati, le « Cremonese » d’Antonio Stradivari, le « Quarestani » de Giuseppe Guarneri ou le « Hammerle » de Nicolo Amati trônent dans leurs écrins de verre. Ils sont les pièces maîtresses d’une salle ornée de stucs et de toiles montrant la Crémone ancienne, face à la rive du Pô, ou la Venise d’avant. Dans les venelles alentour, on continue de fabriquer les violons comme autrefois, avec leurs pièces soigneusement assemblées, leur bois précieux,  leurs artisans méticuleux, livrant des instruments à la sonorité parfaite.

La statue de Stradivarius © GP

La tradition de la lutherie se prolonge, non loin du Dôme, dans les ateliers d’artisans qui travaillent sous vos yeux, via Fransesco Robolotti ou sur le Corso Garibaldi, riches de palais anciens, ou à l’école internationale de lutherie. Sur la via Palestro, au Palazzo Affaitati, devenu le musée Antonio Stradivari, se conte la riche histoire de ces faiseurs de miracles musicaux. Ces bijoux d’ébène, d’érable, de sapinette à veines ténues ou de sapin à grains fins sont autant de trésors faisant la gloire de Crémone la belle lombarde.

Palazzo di Cittanova © GP

On ne se contente d’y venir pour visiter sa collection de violons, mais l’on s’y hasarde à plaisir dans l’histoire de l’Italie éternelle. Les sentiers balisés au long de la plaine du Pô, les itinéraires à bicyclette qui mènent, par Crema ou Soresina, à travers la verte campagne lombarde, les auberges enchantées, les villages qui ont gardé leur tracé d’autrefois donnent envie de se perdre dans cette Italie heureuse.

Glaces chez Portici © GP

La gourmandise, comme partout au long de la Botte, est bonne conseillère. On propose, chez l’historique pâtissier Lanfranchi, le nougat en forme de violon, la tourte au sucre, les brioches ou encore le sbrisolona, ce biscuit aux amandes, comme à Mantoue. Et toutes les épiceries de la ville, vantent la « moutarde de Crémone », le plus exquis des aigre-doux, comme un « chutney » de la Renaissance, les épatantes saucisses à l’ail, le jambon délicat et le fromage frais dit « Grana Padano », cousin du proche Parmigiano-Reggiano. Signe que dans le nord de l’Italie, gourmandise rime avec culture, qu’elle est considérée avec rigueur, traitée avec une attention louable.

Lanfranchi © GP

Les belles tables se dénichent alentour, telle la modeste Italia, face au château de Torre dei Picenardi, où Sergio Carboni propose tourte chaude d’escargots ou veau avec polenta aux lentilles. Et bien sûr, dans le minuscule hameau de Runate, à trois pas de Canneto sul’Oglio, la meilleure table de la Péninsule, sous la houlette de la douce Nadia Santini. Les tortelli de courge, les fettucini aux calamars et le jarret de veau à l’origan y sont des chefs d’œuvres d’une rusticité très raffinée.

Sous les arcades de l’hôtel de ville © GP

Pour séjourner en ville, à deux pas du Dôme et de la place de la Commune, manquait jusque là une halte de charme. La voici, imaginée par Silvio Lacchini qui a transformé un immeuble des années 40, c’était le Mont de Piété, en hôtel au « look » contemporain. La réception évoque une galerie d’art moderne, avec ses écrans qui diffusent des images mouvantes. Les chambres jouent le minimalisme en noir et blanc.  Les couloirs prennent la forme de vagues colorées. Et les fenêtres aux formes géométriques, qui respectent l’architecture d’origine, diffusent une lumière douce.

Moutarde de Crémone © GP

Elle illustre parfaitement l’image de Crémone. Cette ville d’artisans, dont le vieux centre épouse la forme d’un violon, a su garder sa nature d’avant sans nier la modernité de la Botte, perpétuelle amoureuse du changement.

Luthier d’aujourd’hui © GP

Carnet de Route

Piazza del Commune © GP

Y aller

Crémone se trouve à 95 km de Milan. Vol Paris-Milan avec Air-France (0820 820 820) et Alitalia en 1h10.

Dormir

Delle Arti, via Bonomelli 8. Tél. 0372 23131.  Ch. 95-186 €.
Central et design, à deux pas de la piazza del Commune et du Duomo, avec ses chambres minimalistes et sa réception ouverte, dans un ancien mont de piété.

Albergo Duomo, la façade © GP

Albergo Duomo, via Gonfalonieri 13. Tél. 35242/35255. Ch. 50-70 €.
Pas cher, cher, vieillot, sympa, plein centre.

Margot, à Canneto-sul-Oglio. Tél. 0376 709011. Ch. 65-120 €.
Fonctionnel, pratique, quoique sans charme,  à 3 km du Dal Pescatore.

L’Airone Agriturismo, Strada Communale per Isola Dovarese, Castelfranco d’Oglio, Drizzona. Tél. 0375 389902. Ch. 50-70 €.
Pas cher, sympa, à la campagne, une ferme auberge de charme, tout près de Canneto Su Oglio.

Manger

La Sosta, via Sicardo 9. Tél. 03 72 45 66 56.
Cuisine dans le vent d’esprit régional à deux pas de la cathédrale.

Il 21 W.A.Y., piazza Straviari 20/21. Tél. 0372 34 988.
« Wine Absolutely Young »: ce wine bar gourmand genre brasserie gourmande et centrale fait une adresse sérieuse plein centre.

Albergo Duomo, l’ambiance © GP

Albergo Duomo, via Gonfalonieri 13. Tél. 35242/35255.
Table historique et pension sympathique, à deux pas de la Piazza del Commune et près de la salle des violons. Peu cher, sympa, authentique. Cuisine locale et pizzas en prime.

En cuisine chez Nadia Santini © GP

Dal Pescatore, Runate, à Canneto-sul-Oglio. Tél. 0376 723001.
La meilleure table d’Italie, sous la houlette de Nadia Santini, à 30 km de Cremone.

Boire

Bar Portici, Piazza del Commune 2. Sous une arcade de l’hôtel de ville.

Pasticceria Duomo, Via Boccacino 6. Pâtisserie de 1883 de style Liberty.

Rapporter

Nougats, pâtisseries et chocolats chez Lanfranchi, via Solferino, 30, charcuteries chez Saronni Ambrogio, Corso Mazzini, 38., produits typiques (moutarde, pâtes, biscuits) chez Greta et Danila Tosi, Panetteria Tosi, via Robolotti 48. Tél. 0372 265576.

Pâtisseries chez Lanfranchi © GP

Lire

« Lacs Italiens  » (Guides Bleus).

Pratique

Pour appeler depuis Paris: 00 39.

Utile

Office de Tourisme de Crémone, piazza del Commune, 5. Tél. 03772 23233.

Office Italien du Tourisme, 23 rue de la Paix, 75002 Paris. Tél. 01 42 66 03 96.

A propos de cet article

Publié le 13 novembre 2010 par

Crémone: comme un violon” : 2 avis

  • laurence

    mais comment se fait-il que vous n’avez pas découvert l’auberge, pour ne pas dire la cantine, de tous les luthiers du monde qui se rassemblent, entre autre, chaque année à Mondomusica, salon de la musique classique de Crémone fin Septembre….
    Certains et j’en fais partie, ne viennent que pour l’hosteria 700, Pizza Galllina 1, dans un endroit pittoresque, un vieux palais dont ils occupent depuis longtemps le rez de chaussée… Nous ne raterions pour rien au monde les pâtes fraiches aux truffes blanches, les marubini al brodo etc etc….
    Bien sûr, nous connaissons Dal Pescatore, mais plus loin, plus cher donc pas le même budget même si délicieux….
    L’Hosteria 700 est à 5/10mn à pied du Duomo , les gens sont charmants et les classiques italiens bien maitrisés! N’hesitez pas!….bon séjour à Cremona.

  • hanno johny

    pensez, c’est la ville de naissance de mon papa chéri et le village des vacances de mon enfance chez la nonna ida, alors c’est avec nostalgie et un petit pincement au coeur que je regarde ces photos. manuela

Et vous, qu'en avez-vous pensé ? Donnez-nous votre avis !