La comédie française de Georges-Marc Benamou
Il fut l’observateur du « Dernier Mitterrand ». Il sera le conseiller à la culture et à la communication de Nicolas Sarkozy, qui lui demande de le suivre à l’Elysée – il y sera des débuts de 2007 à mars 2008. Il participe à sa campagne, retrouve l’or des palais. Et prend le temps d’inventorier, de raconter, de recenser, de recenser ce qui est non une suite de secrets, mais une multitude de choses vues. L’attitude du « PR » (comprendre le nom de code que donnent ses collaborateurs au Président de la République) envers les autres, envers les siens- il ne supporte pas grand monde, ni ses supporters, ni ses adversaires, ni ses futurs et proches alliés -, le rôle d’Emmanuelle Mignon (pour qui « le premier ministre n’existe pas »), celui de Claude Guéant (l’homme de l’ombre, « le plus puissant de France ») ou d’Henri Guaino (le rédacteur irresponsable, l’homme des discours flambants, brillants certes, mais qui privilégient la forme sur le sens), sans omettre « l’inquiétant M. Buisson ». Georges-Marc Benamou ne refait ici ni le monde, ni l’histoire. Mais narre sa propre aventure. Lui, qui a contribué à « briser les codes », franchissant allègrement la ligne droite-gauche, se mettant tout le monde à dos, sans omettre de se représenter au faîte de son apparent pouvoir, dans son grand bureau de l’Elysée (ce qui nous vaut de bien jolies lignes), conte sa chute sans complaisance. Ce faisant, il livre non seulement un document, mais une oeuvre d’écrivain, à mettre dans les mains de tous les Rastignac qui lorgnent le pouvoir quel qu’il soit, comme antidote. C’est, en ce sens, un livre brillant, drôle, salubre, salutaire.
Comédie Française, de Georges-Marc Benamou (Fayard, 19 €, 329 pages).