Milan: La ville du « total look »
C’est une ville dont les magasins de fringues sont des galeries d’art. Mieux: où les échoppes, vastes, sobres, aérées, sont des œuvres tout court. Peu importe qu’on vende sacs en cuir, chaussures en daim, chemises en lin, tailleurs en soie, vestes en cachemire. Tout Milan est dans son « look ».
Stendhal y reconnaîtrait-il sa ville? Lui qui dérivait en promeneur ébloui entre « Naples, Rome et Florence », se rêvait en « Arrigo Beyle, milanese« . Car la ville reste douce à vivre, belle à admirer. Autour des via Spiga, Montenapoleone et Manzoni, dans ce triangle de la mode qui fait accourir beaux et belles du monde entier, les enseignes se confondent avec les musées. Trussardi a investi le Palazzo Marino, à deux pas de la Scala. Il y a là un bar contemporain design, où la jeunesse de la ville devise dans le bruit entre deux rendez-vous d’affaires, un restaurant feutré (deux fois étoilé!), une librairie vouée à l’opéra, et, bien sûr, les sacs de la maison de couture.
A deux pas, Armani fait moins culturel, mais tout aussi branché, avec ses vitrines amples et le très mode Nobu, jouant des saveurs nippones revues latino-américaines. Et toutes les marques se mettent à se diversifier, investissent dans l’accueil, le « total look », l’art ou l’hôtellerie. Les grandes affiches dédiées à Saint-Laurent ou Versace voisinent avec le Palazzo Bagatti Valsecchi, qui abrite une admirable collection d’art lombard. Cartier a investi le Palazzo Reale, sur la place du Dôme, où une exposition retrace son activité de joaillier star.
Bulgari a ouvert un hôtel de luxe, qui concurrence quelques uns de ses meilleurs clients qui puisent, chez lui, ses « produits d’accompagnement ». Quant à Peck, le traiteur milanais n°1, qui, avec ses ateliers de fabrication « nickel » peut faire la nique à Fauchon, Hédiard et Dalloyau réunis, il s’est associé au jeune et talentueux Carlo Cracco, dans un restaurant zen, en sous-sol, non loin de son siège moderne, au rez de chaussée d’une demeure Liberty. Entre cave majestueuse, fromagerie, charcuterie, épicerie, pâtisserie et salon de thé, il figure un temple global des plaisirs de bouche.
On a vite le tournis en errant entre via Spiga et place du Dôme. Une pause chez Cova, le salon raffiné de la Via Montenapoleone et Milan, reine du shopping, se donne des airs de capitale de la Mitteleuropa. Arbitre des élégances, elle mixte les styles, classique, Novecento, Liberty, mussolinien ou carrément contemporain. Elle abrite biennales à gogo, foires commerciales, faisant de la mode et du design son image de marque. Sa « Triennale », magnifique bâtiment 1933, dédié à « la Mémoire du Futur », à deux pas de la récente gare imaginée par Gae Aulenti, fait figure de musée des Arts décoratifs. Elle abrite une collection permanente d’objets milanais signés Fornasetti ou Gio Ponti, Aldo Rossi (la cabine de l’Elbe, la cafetière Cupola) ou Ettore Stottsass. Mais aussi des expositions vouées aux « villes invisibles » d’Italo Calvino ou à l’opéra minimaliste de Charles Eames.
Moderne et irréductible: tel se montre Milan. On ne peut la réduire à une idée, ni un quartier. Intellectuelle à Brera, avec sa riche pinacothèque, ses galeries d’art, ouvertes au pop art et aux nouveaux réalistes, ses magasins vintage, bohème et nocturne, jeune et passionnée, au long des canaux des Navigli, ruche travailleuse, avec les sièges de sociétés industrielles et les banques installées dans des palais XIXe, plein centre, historique et médiévale, du côté du géant castello Sforza, elle « déçoit en bien » ceux qui s’attendent à une ville grise.
Sa cathédrale, joyau de marbre tout de dentelle gothique, a retrouvé toute sa beauté et trône sur sa place immense. Juste en face, la galerie Vittorio Emmanuelle, alias Il Salotto (« le salon ») figure le coeur, l’épicentre, l’artère nerveuse, touristique et commercial du centre historique – ne manquez pas d’y visiter le tout premier magasin Prada avec son sous-sol riche et secret comme une bibliothèque. Quelques uns de ses hôtels (tel le Grand et de Milan où mourut Verdi) font figure de monuments. Le top du chic au cœur du triangle de la mode est le Four Seasons, installé dans un couvent du XVe avec son cloître, miraculeusement mis à jour en 1987, récemment adjoint d’une demeure voisine.
On dort là au charme, face à un jardin en ville, près des grandes marques du moment. A moins d’y dîner à la Véranda relaxe, au Teatro plus sélect, ou de boire un verre, au Foyer sous les voûtes. Entre le passé retrouvé et l’avenir, voilà un lieu qui s’identifie totalement à la Milan éternelle, cette « ville des possibles ».
Carnet de Voyage
Y aller
Vols Paris-Milan assurés par Air-France (0820 820 820) et Alitalia, en 1h10. Aéroports à Linate, le plus proche du centre, mais aussi Malpensa et Bergame, pratiques pour rayonner dans la région des lacs.
Dormir
Four Seasons, via Gesu 8. Tél. 0277088. Ch. 550-759 €. Le « top » du chic dans le quartier de la mode, avec la mutation d’un couvent en havre contemporain.
Principe di Savoia, piazza della Repubblica 17. Tél. 026 23 01. Ch; 68-1170 €. Adresse princière non loin de la gare centrale. Restaurant Acanto et bar couru;
Grand Hotel et de Milan, via Manzoni 29. Tél. 02723141. Ch. 370-700 €. Rés. Leading Hotels of the World: 01 53 67 10 10. Monument 1863 gardant le charme rétro.
Bulgari, via privata Fratelli Gabba 7/b. Tél. 02805805. Ch. 550-650 €. Une demeure un peu secrète, jouant élégance et sobriété dans son domaine privé.
Spadari al Duomo, via Spadari 11. Tél. 027200371. Ch. 198-368 E. Central, design, avec collection d’art, près de la cathédrale.
Manzoni, via S. Spirito 20. Tél. 0276005700. Ch. 126-180 €. Halte à prix sages, au cœur du quartier de la mode.
Antica Locanda Leonardo, corso Magenta 78. Tél. 02463317. Fax 0248019012. Ch. 95-245 €. Charme et tarifs doux, près du château Sforza.
Manger
Cracco, via Victor-Hugo, 4. Tél. 02876774. Plein centre, cuisine créative de Carlo Cracco et service de grande classe.Gold
Trussardi alla Scala, piazza della Scala 5. Tél. 0280688201. Cuisine stylisée d’Andrea Berton dans un palazzo de charme avec sa salle moderne.
Gold, via C. Poerio 2/A. Tél. 0275.777.71. Exquise cuisine de tradition italienne et lombarde dans une maison design signée Dolce e Gabanna.
Armani/Nobu, via Pisoni 1. Tél. 0262312645. Le grand cri de la mode, en version nippone.
Il Teatro, au Four Seasons. Déco chic et cuisine légère de Sergio Mei.
Aimo e Nadia, via Montecuccoli 6. Tél. 02416886. La grande table de la ville, valant détour dans son faubourg.
Masuelli di San Marco, viale Umbria 80. Tél. 0255184138. Une trattoria classique toujours en forme.
Boire/Goûter
Zucca, galleria Vittorio-Emmanuele II: pour la pause café dans le « salotto ». Cova, via Monte Napoleone 8: « le » salon institution. Sant Ambroeus, Corso Matteotti 7: salon raffiné et discret. Mariano Alla Scala, piazza della Scala, 5: café branché dans le Palais Trussardi.
Voir
Le quartier de Brera, la pinacothèque, les galeries d’art (notamment Antonio Miniaci, qui expose le pop art italien, via Brera 3) et les boutiques vintage.
Lire
“Italie, Régions des Lacs” (Guides Bleus).
Pratique
Pour appeler depuis Paris: 00 39.
Utile
Office Italien du Tourisme, 23 rue de la Paix, 75002 Paris. Tél. 01 42 66 03 96. Fax 01 47 42 19 74.
style mussolinien?c’est en parti vrai mais un peu court
je suis toujours surpris que l’on associe l’architecture à une période politique
et si on faisait la meme chose pour la peinture,la musique ,la littérature?
la peinture gaullienne,la musique pompidolienne ,etc ..etc
lépoque mussolinienne regroupe en fait trois écoles
classique,rationaliste,futuriste
pour le batiment en question:sans doute une oeuvre mineure de Mazzoni
reconstruite après les bombardements de 1944
de toute les façons merci à Pudlo pour le coup d’oeil