Les Pinces
« Paris 4e: on en pince pour ce homard »
Didier Chambeau, notre avocat gourmet, a mis le doigt sur une pépite gourmande du Marais.
On pousse la porte cochère d’un immeuble ancien. On passe une entrée en colombage ajouré qui permet de voir deux salles de part et d’autre, l’une à gauche plutôt grande, l’autre à droite plus petite avec un bar, une lumière d’ambiance tamisée avec de grosses lampes industrielles en filament qui pendent du plafond, donnant un éclairage « tout juste ce qu’il faut » pour créer une ambiance prêtant à la confidence, ne serait-ce un joyeux brouhaha de convives décontractés qui en pince pour ce met festif.
Rémy, Vivien, Louis et Damien, un bien sympathique quatuor dans le vent marin a décidé de faire partager ici une passion pouvant se décliner partout ailleurs, de New-York à Montréal et de Boston à Augusta. Elle porte un nom bien ancré : Les Pinces. Peinture blanche sur des murs de grosses pierres, on aseptise le lieu pour donner une touche new yorkaise avec ce grand homard, lumineux néon rouge derrière le bar, contraste saisissant avec ce cadre looké, un cachet assuré. Si besoin était de donner dans la simplicité rustique du cadre, des tables en bois avec des chaises d’écoliers.
Un concept tout neuf dans ce quartier du Marais, un restaurant à thème très mode mais dont on sait déjà qu’il restera indémodable, le gastronome français étant par nature grand amateur de ce crustacé tarifé partout à prix d’or mais qu’on trouve ici à prix dégriffé ! Pour rassurer les sceptiques férus d’authenticité, le vivier est au pied des escaliers et contient plus de deux cents homards qui nagent, qui nagent, qui nagent…
Généreuse idée que de tarifer 25 € chacun des trois plats uniques, un prix à faire rougir de plaisir ce crustacé à la dure carapace. Une formule universelle qui propose uniquement : homard entier, tout simplement rôti au four pour les puristes et amateurs. Lobster roll, un homard dans un pain toasté histoire de se donner un air d’outre-Atlantique, chair du homard mélangée avec une mayonnaise légère dans un pain brioché, beurré et doré au four. Ou pour les carnivores voire les accompagnant(e)s qui n’en pince pas des masses pour la bestiole, la côte de bœuf irlandais qu’on nous assure avoir été élevé en plein air, grillé à la plancha.
Le homard est d’une provenance certifiée en fonction des arrivages ou des saisons, canadiens, américains ou bretons. Mayonnaise ou sauce citronnée, pain sur mesure et frites, légume unique pour plat presque unique, tout est assurément fait maison. Le crumble pomme glace vanille, le cheesecake de chez Rachel’s, l’un des meilleurs de Paris, ou la mousse au chocolat maison, trois desserts à l’unisson de la gourmandise. La formule est rapide, on ne vient pas ici pour trouver le rituel entrée, plat dessert mais du homard et/ou du bœuf.
Depuis son ouverture, le succès est total. Rémy et Vivien en salle, au sourire naturellement charmeur, créent un évènement destiné à se pérenniser. On en pince décidément pour ce homard, diététique et gourmand.