Le Petit Pergolèse

Albert Corre © Maurice Rougemont

Il est à part. Il fut le jeune qui monte, avec un « cv » comme ça, ancien de Senderens, de Robuchon, du Crillon, de Huyart, au temps de la Crémaillère à Orléans. S’est mué en aubergiste sympa et malicieux du 16e. Le tout Paris, qui se précipite rue Pergolèse – ce soir là Jean-Louis Costes était aux premières loges – vient chercher là une ambiance, une manière d’être, de voir, de respirer, différente.

Bien sûr, le risotto aux truffes ou les mêmes truffes en fines tartines, comme les girolles sautées, le king crabe avec l’oeuf mimosa qui évoque la « langouste en bellevue » de nos années d’enfance, le saint-pierre confit aux légumes croquants, la fricassée de rognon en marmite, avec penne et champignons, la côte de veau, l’imparfait à la nougatine et/la panna cotta ne prétendent pas refaire le monde. Mais on est simplement heureux chez Albert Corre, qui reçoit comme à la maison, avec ses airs de collectionneur passionné.

Chez lui, un Warhol vous sourit. Une sculpture amusante, un litho détonne, la carte du monde en mosaïque recréée par un artiste portugais vous sourit. Le lieu fait bistrot, galerie d’art, QG de copains, maison de la culture, club gourmand, et vineux (un chablis du marquis Ladoucette de derrière les fagots, un médoc la Tour Seran à fondre) vous donnent envie d’être là tous les jours. On se presse, on fait la queue. Pourtant, nos petits amis du Foudingue ont oublié la maison dans leur carnet de bonnes adresses et les étoiles du guide rouge n’ont rien à faire ici. Voilà un aubergiste comme on l’aime. Voilà une maison de coeur!