A La Hache

Ambiance à la Hache © GP

Mon pote Bernard Kuentz, qui dirige la maison d’Alsace à Paris et prend souvent le 18h24 (je veux dire le TGV Est qui arrive à 20h43 à Strasbourg), se plaignait de ne pas trouver de (bonne) table ouverte le dimanche soir dans  la capitale alsacienne. Il va pouvoir se réjouir: la Hache est réouverte et ne ferme pour ainsi dire jamais. Cette taverne millésimée 1257 (cela s’appelait à l’époque « Der Ackes »), sise juste en face de l’Ancienne Douane, donc à deux pas des quais de l’Ill et du quartier de la cathédrale, a appartenu en 1524 à l’aubergiste Jean de Turckheim qui en fera la renommée bourgeoise et strasbourgeoise. Mais la demeure, qui connut une destinée récente plus discrète, sinon misérable, fut longtemps fermée, avant de réouvrir tout récemment sous la houlette du dynamique Franck Meunier.

Pascal Groh à la Hache © GP

Ce dernier, qui possède le Rafiot, la Barco Latino, l’Atlantico,  la Taqueria, les Aviateurs, la Salamandre, autant d’établissements qui jouent, entre bars et brasseries, la carte relaxe et ludique, s’est fait plaisir en rénovant cette institution auquel il a fait subir une jolie cure de jouvence. Voilà donc un bel endroit à redécouvrir, avec son bois décapé et poncé, ses lustres Art déco, sa rôtissoire apparente, son comptoir desserte, ses grilles de fer forgé, ses banquettes boisées, bref son allure de taverne ancienne de toujours, savamment remise au goût du jour.

Tarte à l’oignon © GP

L’accueil du joyeux Pascal Groh, qu’on connut jadis au Buerehiesel, mais aussi, à son compte, à la Matelote d’Obenheim, est le sourire même. La carte est sage, joue le genre winstub en version large, avec des clins d’oeil aux restaurants à viandes (onglet, rognon, cordon bleu, pavé de rumsteck), aux mets végétariens (comme avec ces exquis spaetzle aux champignons), comme aux classiques régionaux éternels (sandre en matelote, choucroute, bouchée à la reine). J’ajoute une tarte flambée délectable, servie en multi-versions (dont une insolite avec choucroute et saucisse). Elle est fine, en version classique. Même si on l’aimerait aisément plus crémeuse.

Tarte flambée © GP

La tarte à l’oignon est carrément grossière d’allure (ce qui est le péché mignon de la maison), mais elle se révèle délicieuse, à la dégustation (comme quoi tout ne se devine pas à l’oeil), flanquée de crudités joliment fraîches. Les fleischnackas, ce boeuf de pot au feu en pâte à nouille, avec sa salade verte, est la réussite maison, avec sa viande tendre, son bouillon parfumé. On ajoute le pinot blanc gouleyant de chez Klipfel et on oublie le kougelhopf glacé maison raté (avec ses morceaux de glace).

Fleischnacka © GP

Mais on nous avait bien prévenu que ce dernier n’était pas dans sa meilleure forme. En revanche, la coupe « A La Hache », avec glace, fruits frais, coulis de fruits rouges, chantilly, passe sans mal. Voilà en tout cas une adresse à renoter sur ses tablettes. D’autant qu’avec une carte réduite, la maison sert, non stop, toute la journée.