Hôtel des Vosges

Jean, Eric et le grand-père Henri Wehrung © GP

Il faut que tout change pour que rien ne change, dit quelque part Giuseppe Tomasi di Lampedusa dans « le Guépard ». C’est un peu l’inverse auquel je songeais à la Petite Pierre, en prenant place aux Vosges, retrouvant les Wehrung, que je suis depuis tant et temps. Je vous ai déjà tout dit sur cette maison d’enfance où ma mère et ma tante venaient en vacances. Les Wehrung ont changé de génération (s), passant d’Henri à Henri, puis d’Henri à Jean, enfin de Jean à Eric. Finalement, rien ici ne change. Et c’est heureux.

Galantine de volaille © GP

Les tables bien dressées, les tableaux de Luc Hueber, dont celui du grand-père, les souvenirs d’avant, la belle cave riche en grands flacons d’Alsace à tarif sage, et, surtout, cette cuisine classique et de tradition, figée dans ses bons principes qui a su résister aux modes, jouant avec art le bon rapport qualité prix: voilà qui plaît sans mesure. Le menu Jerry Hans, à 18 €, ou celui dit des Logis de France, à 29,50 €, constituent deux cadeaux véritables. On retrouve ici et là, comme dans les propositions au dessus et la carte qui changent avec les saisons, les mets de toujours qu’on a si souvent oubliés ailleurs.

Légumes à la grecque © GP

Où dénicher ainsi une telle galantine de volaille si délicate, servie avec ses crudités, des légumes à la grecque parfumée à la coriandre, un coq au riesling mitonnée à l’ancienne dans sa fine sauce crémée, servi entier et joliment découpé, avec nouilles fraîches et croquettes de pommes de terre, sans omettre les truites du vivier, proposées au bleu, meunière ou aux amandes?

Coq au riesling © GP

Le choix de vins d’Alsace à tous les prix, emballe et les grands crus, comme ce riesling Brand de chez Hurst à Turckheim, si délicat, parfumé, avec ses notes pétrolées, sa belle longueur, qui fait à 28 €, une bouteille de grande classe, sont là en nombre. Il y a encore la gentillesse du service féminin délicat et vif, autant que prompt, les desserts avec les glaces maison dont un petit vacherin glacé vanille, chocolat, fraise, finement meringué superbe.

Truite aux amandes © GP

Le lieu a du caractère fait une halte familiale, douce, complice, autant que gourmande. Il y a encore les chambres douillettes, les balcons sur le village ancien, avec son église et son château, qui, comme le dit Char dans un de ses poèmes fameux sur le village, qui figure « une tour qu’on hisse au loin, comme la toile du corsaire… dans une mer forestière ». Bref, un lieu magique et nostalgique, poétique aussi, autant que savoureux.

Petit vacherin glacé © GP