Il nous avait déjà fait le coup avec « Quatre enterrements et un mariage« . Voilà Matthieu Noli qui remet ça: une famille foldingue, une grand mère qui menace à tout instant de décéder (« ah, ma valve!« ), une mère journaliste érotomane de choc, une fille fashion victime, avec ses frères si différents, l’un François, bourgeois rigide anti-soixante huitard forcené, l’autre, notre héros, Raphaël, obstétricien gourmet, exilé du côté de Buenos Aires revenu avec son épouse argentine à qui il fera découvrir la France, ses spécialités gourmandes, ses fausse gaieté, ses rigidités, ses faiblesses et puis, bien sûr, sa famille attachante et décapante, ses maniaqueries, ses bizarreries, son château de la Colibertière qui évoque le De Broca du « Diable par la Queue », même si on est proche ici du Queneau de « Zazie dans le Métro », drôlerie et impertinence mêlées, avec ses jolies réussites langagières, ses aphorismes à l’emporte pièce (« le passé est déjà loin et le futur est inconnu. Vive maintenant! »), ses longues tirades vibrionnantes (celle de François contre les fausses révoltes et les rebelles de pacotille, pp. 159-160, vaut son pesant de satire sardonique). Bref, on s’amuse, on réfléchit, on ne s’ennuie pas une minute. C’est, vous l’avez saisi, l’une des belles réussites littéraires – trop discrète, hélas – de la rentrée.

Raphaël et les Rebelles, de Matthieu Noli (Editions de Fallois, 278 pages, 18 €).