Sollers, littérature, politique et provocation
Il est notre Voltaire au petit pied, notre Diderot de St Germain des Près, un esprit libre, certes, et flamboyant, aussi, capable de nous éblouir avec sa vie de Don Juan, ses mémoires façon Casanova (« Femmes »), son « Portrait du Joueur », comme il nous avait enchanté jadis avec « ‘le Parc ». Ce touche à tout, pratiquant le journal extime comme d’autres le journal intime, raconte son époque, de Mitterrand à Sarkozy, de Machiavel à DSK, avec une franchise de ton qui enchante. Il se moque des uns, tance les autres, indiquant qu’entre théâtre et politique, la frontière est ténue, que la littérature est toujours là où on ne l’attend pas. Cela pour dire que le gros recueil de chroniques qu’il publie aujourd’hui (et dont beaucoup ont paru dans le Journal du Dimanche) vaut beaucoup mieux qu’un ensemble d’articles rassemblés. Il y a le sel d’une époque, le poivre d’un empêcheur de penser en rond, les épices d’un oeil artiste qui sait piquer où cela fait mal.
Littérature et Politique, de Philippe Sollers (Flammarion, 805 Pages, 25 €).