Londres: ma vie à Belgravia

Article du 1 novembre 2010

Belgrave Square © GP

A l’Australian, sur Milner Street, un gentleman en costume gris boit de la bière en consultant son journal d’un air mélancolique, tandis que, face à lui, deux barbus aux couvre-chefs ornés de badges devisent gaiement d’un air entendu. Il est 6h p.m. L’air sent la gentiane et le lilas. Juste à côté, Lennox Garden Mews est garnie de pivoine mauve. C’est la campagne au cœur de la ville. Comme un bout de faubourg au nord de la Tamise, au sud d’Hyde Park.

Eaton Terrace © GP

Le lieu? Un équivalent de notre Faubourg Saint-Germain que forment, en triangle presque parfait, Belgravia et Knightsbridge, Chelsea et Kensington. Un résumé de Londres, ce qu’en imaginent les Français, avec leurs façades géorgiennes, leurs colonnes victoriennes, Belgrave Square et ses grilles que referment des clés individuelles, le Pentechnicon, signé Seth Smith en 1830, et la Halkin Arcade. « Belgravia, écrivait Paul Morand, est l’archétype auquel toute l’Angleterre essaye de se conformer. Les maisons y sont le modèle parfait qu’imitent à des degrés décroissants dans le luxe, l’aisance et jusqu’à l’extrême pauvreté, toutes les autres maisons de Londres. »

Jardin de Wilton Cresent © GP

De fait, les ruelles campagnardes, les « mews », abritant les anciennes maisons de domestiques, les « terraces », les crescents (avec ses jardins dont il faut posséder la clé et qui demeurent interdits aux jeux d’enfant et aux chiens!), les demeures à colonnes et pilastres, imaginées au XIXe par Thomas Cubbit et George Bashevi, au service des Grosvenor, comme un faubourg aux abords de Buckingham, a gardé son caractère, son charme, son aspect de monolithe issu du temps passé. Ce témoin du « Londres d’avant » appartient toujours au dernier des Grosvenor et duc de Westminster, qui loue des bails amphitéotiques par l’intermédiaire de marchands de biens zélés. On réside ici pour moins de cent ans dans un studio de charme, une boutique chic, une terrasse avec vue sur les arbres.

Poilâne sur Elisabeth Street © GP

Est-ce un hasard si Lionel Poilâne, le boulanger poète tragiquement disparu il y a 8 ans, jour pour jour, y créa jadis « sa » boulangerie, au 46 Elizabeth Street, comme une réplique londonienne de celle de la rue du Cherche-Midi ? Les boutiques gourmandes y dominent le paysage: le caviste Jéroboams voisine avec la pâtissière Peggy Porschen qui jouxte le marchand de cigares Tom Tom. Tandis qu’à l’angle d’Ebury Street, le joli  Ebury Wine Bar & Restaurant attire les « yuppies » du lieu. Pour un peu, on se croirait rue de Grenelle, de Varenne ou du Bac, bref, cet exquis « 7e« , dont Belgravia et ses lisières, de Sloane Street à Marble Arch, figure l’équivalent londonien.

Peggy Porschen Cakes © GP

De l’élégance, du chic, des antiquaires, des façades adorables, des maisonnettes de poupée, le souvenir de Mozart, qui composa sa première symphonie (sur Mozart Terrace où voisine Vita Sackville-West), des pubs (comme l’Australian déjà cité, mais aussi le Grenadier), des restaurants fameux (Nahm au Halkin…): voilà ce qu’on trouve ici sans forcer.  N’y manque pas l’adresse de grande classe qui figure l’une des meilleures haltes de Londres. Un palace? Sans doute, mais pas seulement.

Plaque de Vita Sackville West sur Mozart Terrace © GP

Avec sa façade de pierres nettes années 70, son intérieur chaleureux, son bar néo-victorien bleuté, ses concierges sachant sourire, ses chambres douillettes, son atmosphère feutrées, son mobilier ancien, son spa au dernier étage, qui a vue sur tout Londres et Hyde Park, le Berkeley figure parmi les « incontournables » du voyage londonien. Non seulement parce que les chefs en vogue, Marcus Wareing ou le discret Pierre Koffmann qui vient d’y faire son retour dans l’ancien « Vong », y ont élu domicile. Mais aussi parce que toutes les stars en goguette dans la ville, en quête de calme et de douceur, en ont fait leur second domicile.

Prada sur Sloane Street © GP

Harrods est à deux pas, comme Harvey Nichols, mais aussi Versace, Prada, Ferragamo, Lalique, Louboutin, Chanel, Cartier, bref, quelques belles enseignes qui donnent envie de se ruiner le temps d’une halte dans la sérénité, sur Sloane Street. Ce Londres-là, qui n’a pas d’âge, reste d’une superbe actualité.

Carnet de Route

Y aller

Paris-Londres en 2h15 de la Gare du Nord à St Pancras, avec Eurostar. 08.92.35.35.39. www.eurostar.com. De 70 à 190€.
Excellente restauration à bord et splendide service dans la classe Business Premier, avec accès au salon spécia

Dormir

Lobby au Berkeley © GP

The Berkeley, Wilton Pl. Tél. 7235 6000. Fax 7235 4330. Info@the-berkeley.co.uk. Ch. 360-650£.
Le « top » du chic, sur Belgravia, avec un bar bleuté à ne pas manquer, un spa superbe et ses tables fameuses

Mandarin Oriental Hotel © GP

Mandarin Oriental, 66 Knightsbridge. Tél. 7235 2000. Rés. Leading Hotels of the World: 0 800 136 136 (n°vert). Ch. 355-595£.
Chic, choc, c’est l’ex-Hyde Park rénové avec brio. Restaurant Foliage.

The Halkin, 5 Halkin Str. Tél. 7333 1000. Rés. Leading Hotels of the World: 0 800 136 136 (n°vert). Ch. 295 $. Intérieur design et restaurant thaï Nahm.

The Cadogan, 75 Sloane St. Tél. 7235 7141. Fax 7245 0994. Ch. 190 £.
Hôtel british à l’ancienne et les souvenirs d’Oscar Wilde.

Lime Tree Hôtel

Lime Tree Hôtel

Lime Tree Hotel, 137 Ebury Str. Tél. 7730 8191. Ch. 95-160 £.
Modeste « B & B » en ligne de mire sur Elizabeth Street.

Manger

Koffmann's © GP

Marcus Wareing et Koffmann au Berkeley: tout le sérieux de l’anglais Marcus W et du gascon Pierre  K dans un cadre élégant et « formal » pour le premier, plus relax pour le second.

Nahm, au Halkin: brillante cuisine thaï revue par un chef australien.

Ebury Wine Bar & Restaurant, 139, Ebury Street (angle Elisabeth Street). Tél. 7730 5447. L’adresse gourmande modeste mais sympa d’Elisabeth Street.

Noura Brasserie, 16 Hobart Pl. Tél. 7235 9444. Sérieuse cuisine libanaise.

The Admiral Codrington, 17 Mossop St. Tél. 7581 0005. Pub modernisé pour des repas savoureux à prix sages.

Gordon Ramsay, 68 Royal Hospital Rd. Tél. 7352 4441. Le « trois étoiles » londonien, sur Chelsea, mais à deux pas de Belgravia.

Boire

Pub sur Elisabeth Street © GP

Thomas Cubbit sur Elisabeth Street; The Australian, 29 Milner St.;  Ebury Wine Bar, 139 Ebury St.; The Grenadier, Wilton Row; Churchill Arms, 119 Kensington Church St.; King’s Head & Eight Bells, 50 Cheyne Walk.

Lire

“ Un grand week-end à Londres ” (Hachette) et l’excellent guide Vert Michelin. Toujours d’actualité: « Londres » de Paul Morand (Plon)

Utile

O.-T. Grande-Bretagne, BP154-08, 75363 Paris Cedex 08. Tél. 01 58 36 50 50. www.visitbritain.com/fr


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Publié le 1 novembre 2010 par

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