Dans la maison de Rubens © GP

Tous les Anversois s’appellent Rubens. Ils sont alertes, vifs, colorés, aiment la bonne chère, la bière, le baroque, les belles maisons et les musées. Ils s’interpellent dans les tavernes, s’appellent Pierre-Paul, se lancent des “ Allez donc ! ” qui sonnent comme une chanson de Brel. Naïve vision des choses ? Promenez-vous vers la cathédrale et le Grote Markt. Ce sont figures rieuses en des brasseries sonores qui vident des “ bolleke ” – ces petits bols de bière rousse, ambrée, un rien sucrée-amère – dont le regard devient humide devant l’admirable tour gothique qui domine de haut les toits de tuile, qui s’amourachent du fleuve, de sa puissance, de sa lenteur, sachant que la ville “ doit l’Escaut à Dieu et tout le reste à l’Escaut ”.

Au Engel © GP

L’Anversois collectionne les musées, qui ne sont pas moins de onze, aime les beaux-arts, se passionne pour l’ethnologie, raffole des demeures patriciennes : celle, discrète, du bourgmestre Rockox, celle, somptueuse, du glorieux imprimeur Plantin-Moretus, dont les presses anciennes sont toujours en état de marche. Son havre préféré ? La maison de Rubens. Ce verdoyant palais, avec sa façade double, baroque et Renaissance, arbitre une collection d’objets anciens, des portraits du maître, ainsi qu’un jardin savamment dessiné.

Vue sur la grand place depuis le Bengel © GP

Ah, mais qu’Anvers est belle, et riche, et baroque avec ça ! On en oublierait d’évoquer le vertueux quartier des diamantaires et Hoveniers Straat, où des messieurs portant calotte et papillotes se rendent, en sifflotant, à leurs ateliers. Tout à coté, un musée consacré au diamant détaille par le menu cette activité. Vaste port, le second d’Europe, mais le premier pour l’importation et l’exportation des produits français, quoique située à 88 km de la mer, elle est d’abord une cité de créateurs. La mode, les antiquaires, les amoureux des arts sont ici chez eux. Les nouveaux Saint-Laurent ou Chanel se nomment Dries Van Noten ou Ann Demeulemeester.

Face à la maison de Rubens © GP

Un décorateur, dont on ne sait plus s’il est marchand d’art ou architecte, Axel Vervoordt, après avoir retapé le quartier historique du Vlaaikesgang, a restauré le château médiéval de s’Gravenwezel, avant de rénover une immense malterie sur les berges du canal Albert. Il s’en sert pour exposer 13000 pièces anciennes, tables, chaises, consoles, bureaux, baroques ou rustiques, tableaux, sculptures, tissus, anciens ou contemporains. Et l’on vient du monde entier admirer ces sobres richesses chinées avec art. C’est le signe qu’Anvers, “ poumon ” économique de la Belgique, vaste carrefour de l’Europe du Nord, est la cité des possibles.

Maison face à l’Escaut © GP

Y aller

Paris-Anvers en 2h02 depuis la Gare du Nord, 9 liaisons quotidiennes avec le Thalys (rens. 36 35). www.thalys.com

Utile

Tourisme Flandre & Bruxelles. www.visitflanders.fr, www.theplaceto.be, www.visitantwerpen.be.

Dans la maison de Rubens © GP