Cher Christian Millau, ravi de t’avoir rencontré…

Article du 24 septembre 2014

Un kilo de drôlerie, de pointes acides, de verve, de belle et bonne humeur: voilà ce qu’offre ce merveilleux livre de souvenirs. Christian Millau, que nos lecteurs connaissent bien, a déjà beaucoup évoqué ses souvenirs de hussard au galop, de chroniqueur gastronomique intrépide et irrévérencieux, d’homme du monde sachant lire entre les lignes, voyager sans bagages, inventorier les sottises de son époque, donne le meilleur de lui-même dans ce joli recueil de portraits. Lui, dont la mémoire ne flanche guère, restitue Arletty, Guitry ou Fred Astaire dans leur légende et leur vérité, passe Morand (un de ses auteurs fétiches et, bien sûr, des nôtres) avec une implacable drôlerie, livre un interview post-mortem avec son ami et compagnon d’armes littéraires Roger Nimier, n’oublie ni Boris Vian, ni François Mitterrand. Ni Jean-Pierre Moueix (« le roi Pétrus »), ni le cher Bernard Loiseau, ni l’immortel Paul B… aratin. On lui pardonne sa méchanceté verveuse comme ses rancunes tenaces. Car il y a toujours de la générosité dans sa prose. Ce maître à écrire qui se veut polémiste est au fond un humaniste. Ce gourmand – de mets, de mots, de grands crus, de jolies silhouettes, d’oeuvres vives – est aussi bien un hédoniste qu’un janséniste. Cet amoureux des grandes tables se révèle amateur de bistroquets et de plats canailles. Son livre et ses personnages lui ressemblent. Cher Christian, on est vraiment ravi de t’avoir rencontré.

Ravi de vous avoir rencontré, de Christian Millau (Editions de Fallois, 364 pages, 22 €)

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Publié le 24 septembre 2014 par

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